Les arts et la créativité pour une résilience poétique.
DES MOTS POUR LES MAUX DE L'ÂME
Il est des douleurs que le corps ne sait dire, et des silences que seule l’encre sait entendre. Ce texte est une traversée douce et lucide de l’acte d’écrire comme refuge, comme veille, comme geste de tendresse et de soin envers soi .
Musarthis Team
5/18/20254 min read


Un espace pour se dire, se déposer, se transformer
Il y a, dans l’acte d’écrire, une lenteur quasi sacrée.
Un ralentissement de l’être.
Une manière de se soustraire au tumulte du quotidien,
comme si, pour un instant, le vacarme du monde se taisait enfin.
L’écriture, elle, ne réclame rien.
Elle n’attend pas que l’on soit clair, fort ou prêt.
Elle se glisse là, doucement, sans heurt,
comme une présence qui n’a pas besoin de frapper pour être reçue.
Elle s’infiltre dans les silences,
dans les non-dits,
dans les recoins que l’on croyait oubliés.
Elle ne demande ni clarté, ni style, ni justification.
Elle s’invite dans l’ombre comme dans la lumière.
Mais il arrive aussi que les mots manquent,
que la peur ou la douleur rendent l’écriture difficile,
et que ce refuge ne s’ouvre pas à tous, tout de suite.
Pour certains, écrire peut être un chemin escarpé,
et il n’y a là ni honte ni échec.
Et écrire, ce n’est pas toujours dire.
C’est bien souvent simplement écouter.
Écouter ce qui s’agite derrière les gestes,
ce qui pleure sans larmes,
ce qui espère encore, à l’intérieur.
C’est tendre une oreille tendre à l’invisible.
Mais parfois, l’écoute de soi peut réveiller des tempêtes,
et il est alors précieux de se sentir accompagné,
par un proche, un professionnel, ou un groupe bienveillant.
■ Un sanctuaire sans jugement
L’écriture est un espace d’intimité radicale.
Un lieu sans masque, sans décor,
où les émotions peuvent tomber, s’effondrer, respirer.
Un lieu de nudité intérieure,
où l’on ne joue aucun rôle —
où l’on est, simplement.
Le papier devient refuge.
Il n’interrompt pas.
Il ne corrige pas.
Il accueille.
On peut y déposer ce qui encombre.
Ce que l’on n’ose pas dire.
Ce que l’on ne comprend pas encore.
Mais il est aussi possible que l’on préfère d’autres formes d’expression :
la parole, le dessin, le mouvement, le silence.
Chacun son chemin.
Et parfois, dans ce geste humble d’écriture,
quelque chose se transforme.
■ Une médecine invisible
Loin des diagnostics et des prescriptions,
l’écriture opère dans un autre langage —
plus ancien, plus tendre, plus nu.
Elle ne soigne pas comme on soigne une plaie.
Elle réconcilie.
Elle rassemble.
Elle recoud les fibres éparses de l’être,
là où le fil de la parole s’était rompu.
C’est une médecine sans ordonnance,
sans cabinet,
sans blouse blanche.
Une alchimie intime,
faite d’encre, de souffle et de silences habités.
Elle nomme ce qui n’avait jamais eu de nom.
Elle éclaire ce qui restait tapi dans les brumes.
Elle dépose une douceur là où tout brûlait encore.
Certes, les recherches scientifiques – comme celles du Dr James Pennebaker –
confirment que l’écriture expressive soulage,
qu’elle apaise les tempêtes intérieures,
qu’elle restaure le corps comme l’esprit.
Mais il arrive aussi que l’écriture, sans cadre ou soutien,
renforce la rumination ou la tristesse.
Il est alors sage de s’écouter,
et, si besoin, de demander de l’aide.
Mais au fond, ce que les chiffres ne disent pas,
c’est cette vérité d’aube :
qu’écrire, parfois, c’est allumer une petite lampe dans la nuit.
Une seule.
Mais elle suffit à retrouver le chemin jusqu’à soi.
Et cela, parfois,
cela vaut tous les remèdes du monde.
■ Trois rituels pour écrire autrement
■ Le journal du matin
Écrire trois pages chaque matin, sans se relire.
Un rituel d’hygiène intérieure, pour déposer le trop-plein avant que le jour ne commence.
Mais si la page blanche effraie, on peut aussi simplement griffonner quelques mots,
ou choisir un autre moment.
■ La lettre qu’on n’enverra jamais
Écrire à quelqu’un – ou à soi-même – ce que l’on n’a jamais osé dire.
Puis relire. Ou brûler.
Mais il est aussi possible de garder ces mots pour soi,
ou d’en parler à une personne de confiance.
■ Le souvenir réenchanté
Choisir un souvenir douloureux et le réécrire à la lumière d’aujourd’hui.
Y glisser un mot de tendresse. Une fin différente. Une main tendue.
Mais si cela ravive trop la douleur, il n’est pas interdit de refermer le carnet,
et d’y revenir plus tard, ou jamais.
■ Écrire pour veiller sur soi
Parfois, écrire, ce n’est pas pour comprendre.
C’est pour tenir.
C’est une veille.
Une main posée sur son propre cœur.
Un acte de tendresse silencieuse.
Un lien tissé entre soi et soi.
Car au fond, l’écriture thérapeutique ne promet pas la guérison.
Elle propose quelque chose de plus humble,
mais peut-être plus précieux encore :
la possibilité de se sentir vivant,
entendu,
reconnu,
même entre deux battements,
même entre deux blessures.
Et cela, parfois,
ça suffit.
■ Note
L’écriture peut être un chemin, mais ce n’est pas le seul.
Chacun est libre de choisir sa voie,
et de demander de l’aide si le voyage devient trop lourd à porter seul.

